Wednesday, March 19, 2008

Reprise

Cher ami visiteur, chère amie visitrice (?) - oserais-je t'appeler groupie ? l'envie m'y pousse mais l'humilité m'en garde -, c'est une nouvelle de la plus haute importance qu'il me faut te communiquer ce soir. Aussi, afin que pénètre jusqu'au tréfonds de ton âme l'essence même de la présente missive, je te demanderai de m'accorder une vigilance extrême et d'ouvrir bien grand yeux, oreilles et tous autres orifices utilises à cet office, les narines étant bien entendu les premiers concernés.

Suite à l'augmentation aussi subite qu'inattendue du nombre de visites enregistrées sur le présent espace personnel – le constat est édifiant, il n'est que de jeter un œil aux chiffres pour saisir l'ampleur du phénomène : + 20% en un mois soit un total de 13 visites pour le seul mois de mai, du jamais vu – et en réponse aux sollicitations hystériques de mes fidèles, j’ai décidé de mettre un terme à des semaines de disette et de frustration collective en actualisant comme il se doit ce journal intime public complètement pas réel.

Je constate, cher(e) ami(e) à ta mine réjouite mais pas déconfite que cette nouvelle te va droit au cœur ; je te vois pâmer, japper, remercier le ciel de ma décision. J'apprécie cette dévotion chrétienne que tu exaltes, mais je souhaiterais sans plus attendre te mettre en garde : au risque de te décevoir, il me faut te l'avouer, le ciel n'a rien à voir avec cette affaire, pis encore, il est totalement étranger à la reprise de ces hostilités bloguesques.
Je te vois venir : "Pourquoi ?" tu me demanderas, un brin de surprise aisément compréhensible dans la voix trahissant ton étonnement à la fois devant cet aveu terrifiant et devant cette faculté ô combien essentielle que j'ai d'anticiper de manière intempestive les réactions inutiles de mes interlocuteurs - "pourquoi donc ?!" tu répéteras, bien qu’un brin dérouté, tu le reconnaîtras, ta mémoire à court terme se trouvant pour le moins malmenée à la lecture de ces phrases à la syntaxe certes irréprochable mais dont on peut raisonnablement, sinon légitimement, mettre en doute la signification profonde, si tant est qu'elles en aient une – "mais pourquoi alors??", tu insisteras, quelque peu impatient, pour ne pas dire un tantinet impatient – ce serait une provocation directe et frontale sans doute peu appréciée de ta personne et de celle de ton entourage - "pourquoi pourquoi pourquoi diantre ???" tu t'égosilleras enfin, tout rouge, à bout de souffle et complètement vénèr' (1).

Avant d'apporter une réponse à cette question, il n'est pas inutile, je le crois, de rappeler cette dernière pour les ceuss qui se seraient égarés en chemin, je pense aux plus faibles notamment – mais si Darwin a vu juste, ils n'ont normalement pas survécu à cette entame.

La question était donc : pourquoi le ciel ne peut-il en aucun cas contribuer à l'évolution de ce blog ?

Eh bien, précisément, parce ce sur ces pages électroniques c'est moi qui commande. Je suis le boss, le chef, le caïd, la racaille du quartier. Un peu brut de pomme à l’exposé, je le concède, mais la vérité nue est rarement douce. Et je crois avoir nullement à en rougir, d’aucuns seraient c’est à parier autrement moins précautionneux dans leur formulation. Songez par exemple aux mots d’un John Rambo en de pareilles circonstances : "Ici c'est moi qui fais la loi" affirmerait vraisemblablement ce grand gaillard protéiné, au corps meurtri par ces enfoirés de viet' et de rushkov (2). Et que dire de ce coquin de Loulou14 de Versailles, qui, en l'espèce, lâcherait sûrement "Le blog c'est moi", sans autre forme de procès, mettant ainsi fin à toute velléité d'intervention de Dieu et ses comparses.

Dés lors, si en ce dix-neuvième jour du mois de mai de l'an de grâce deux mille huit ce cher vieux blog renaît de ses cendres tel un Phoenix de son Arizona natal, c’est à mon unique personne louanges doivent être accordées. Oh, j'ai bien conscience que tout ne sera pas parfait, qu'il y aura sans cesse des points à améliorer, que notamment la phrase précédente est totalement pas belle et que celle-ci connaîtra-t-à peu près le même destin et pourtant - pourtant, que la montaaaagne est beeeelle ! certes Jean, mais ta gueule là, tu vois bien que c'est pas le moment !! – pourtant, étant seul rédacteur à bord et disposant de fait, et ce à titre exclusif, de droit de vie et de mort sur ce petit espace personnel – privilège pour le moins jouissif (3) – j'ai décidé, dans un souci permanent et quasi obsessionnel d'égalité de traitement, de laisser aussi leurs chances aux petites phrases moches, bancales, branlantes, qui partent immanquablement en couille, à défaut de tomber en désuétude. J'en vois déjà sourire – c'est inévitable, j'ai des détracteurs, notamment un certain John Deere, qui fonctionnent à plein régime – ironiser sur et s'invectiver contre la pauvreté du propos : ici, l'on me reprochera ________________________________, là, l'on s'insurgera contre ___________________________________________________, mais parmi ce grouillement de voix discordantes, aucun, j'en ai la conviction, ne manquera de saluer l'audace, la générosité, l'abnégation et l'ouverture d'esprit (4) d'un artiste à la fois audacieux, généreux, abnégationnant (tout ce qu'il peut) et ouvert d'esprit. Certains, dans leur enthousiasme, iront même jusqu'à souligner l'engagement inconditionnel du bonhomme, le désintéressement héroïque du personnage, mais incapables de cerner avec précision les causes qu'il défend, ils n'auront hélas d'autre choix que de se rétracter très vite – mais moins vite cependant qu'un zizi peureux dans une cuvette d'eau froide.

L'on est encore loin de ce stade, même si, je n'en doute pas - le doute n'est de toute façon pas permis - les premiers commentaires ne tarderont pas à voir le jour / fleurir (6). À ce propos, je tiens d'ores et déjà à préciser qu'une forme de censure sera-t-inévitable : je ne puis en effet pas censément accepter des remarques uniquement élogieuses. N'hésitez donc pas à vous montrer acerbes lorsque votre cœur s'y prêtera, soyez justes et sincères, ou juste sincères si c'est trop vous demander. Dans tous les cas, et j'insisterai beaucoup sur ce point : surtout m'emmerdez pas.

Eh bien donc voilà (7), en conformité avec l'adage "toutes les meilleures choses ont une fin", en non conformité avec la maxime perverse et discutable – Brigitte Lahaie l'a démontré à maintes reprises - affirmant que "plus c'est long plus c'est bon" et en ignorance totale avec la croyance populaire selon laquelle "tout est bon dans le cochon", j'estime qu'il est grand temps de mettre fin à cette gentille causerie unilatérale.

Visiteur, visitrice, je te dis donc I shall be back (8), pour reprendre la formule d'un célèbre gouverneur de Californie dont je tairai le nom, sachant qu'il peut rapporter jusqu'à 3 000 points au Scrabble en mot compte triple, j'ajoute un petit à bientôt pour la forme. Et puis take care tiens, ça fait bien aussi.
En attendant, sèche tes larmes, p'tit con, et sois bien sage.
JohnSmithGlobalServices - Entertainment for Everyone



(1) = énervé
(2) "alors faites pas chier", aurait-il ajouté dans sa fougue habituelle avec un méchant grognement
(3) mais quelle est donc cette bosse ?!!
(4) et aussi la générosité – ah merde, déjà dit ! (5)
(5) la patience alors ?
(6) à toi de choisir l'image qui te parle le plus, selon que tu te sentes davantage gynécologue ou jardinier dans l'âme
(7) variante : Voilà donc, eh bien
(8) Notez l'emploi du modal shall qui peut se justifier par une volonté marquée de la part de l'énonciateur de s'engager personnellement dans son discours. cf. l'exemple canonique : Ireland shall overcome.